"Guernica"
de Pablo Picasso

Picasso
multiplie les études dés le 30 avril 1937. A la mi
juin il livre son tableau au pavillon espagnol
de l'exposition
universelle. Les grandes dimensions de Guernica répondent
a un souci de visibilité.
La barbarie
du bombardement du 26 avril doit être dénoncée
efficacement.
1) Un tableau monochrome :
La monochromie du tableau s'explique
de plusieurs façons. Tout d'abord à la gravité
du sujet répond
l'austérité de l'absence
de couleur. Par ailleurs le noir et blanc évoque la presse.
Picasso, informé par voie
de presse, a incorporé à
son oeuvre de nombreuses références à celle
ci. Par exemple le pelage du cheval,
fait de petit traits serrés, réguliers
et alignés rappelle les caractères typographiques.
2) La pièce maîtresse
: le cheval blessé.
Placé au centre de la composition,
il symbolise, des dires même du peintre, le peuple. La liberté
est mourante.
Comme pour la mère portant son
enfant mort, la douleur est exprimée par la langue pointue
comme un couteau.
La lance qui transperce le flanc du cheval
rappelle celle qui blesse la poitrine du Christ. La crucifixion
est
l'archétype de la souffrance
et de l'agonie. (analyse empruntée à W. rubin, L'Art
dada et surréaliste)
3) Les différents éléments
: le taureau.
Le taureau est un symbole de la force
brute, de la cruauté. Au milieu de la débâcle
il apparaît impassible. L'iconographie tauromachique est une
composante fréquente de l'œuvre de Picasso.
Le chœur des femmes : trois femmes
sur le coté droit de la composition forme un chœur antique,
pleurant
la liberté agonisante.
La mère portant son enfant mort
: la douleur et les hurlements de la mère sont perceptibles
au premier abord,
alors que le reste du tableau peut sembler
plus difficile d'accès. L'enfant mort dans les bras de sa
mère se
rapprochent-ils d'une autre image à
portée universelle : celle d'une piéta ?
Les bras levés au ciel, en croix,
Picasso fait assurément ici une référence au
Tres de Mayo de Goya.
La comparaison entre ces deux tableaux
nés d'une tragédie historique doit être menée
avec prudence :
Goya peint 6 ans après les faits,
et transmet un message de résistance à l'oppression.
Picasso peint dans
l'urgence, et lance un cri de douleur
face à l'anéantissement.
Le symbolisme de la fleur et de l'épée.
La fleur est unique mais présente au centre de la composition
comme
une lueur d'espoir. Sa délicatesse,
sa fragilité résonne face au désordre et à
l'horreur de la scène. L'épée brisée
complète la symbolique de paix. Cependant Guernica n'est
en aucun cas un tableau symbolique.
4) Les visages : l'expression de l'universel.
Les yeux, en larme, et la bouche édentée
(= personne désarmée) de la femme tombant dans les
flammes
(Guernica a été bombardé
à la bombe incendiaire) exprime la mort d'un peuple désarmé,
la lâcheté du
bombardement.
La mère portant son enfant mort
exprime une douleur universellement compréhensible, et traduit
l'horreur de
toutes les guerres. Ses yeux en forme
de larme, , sa langue en forme de couteau, son visage tourné
vers le ciel
(d'où est venu le drame), tout
en elle exprime la souffrance et le désarroi.
Au premier plan de la composition apparaît un combattant dont
le corps est morcelé et décapité.
Ce personnage porte sur son visage toute
la violence de la guerre : la dentition précise, et la décapitation
sont
les signes de la brutalité. |